La petite auto ancienne signée Belles Autos d’Hier
Tacot Hispano Suiza 1912
Par Alain Marcoux
Connaissez-vous l’histoire du TACOT des Belles Autos d’Hier? Ce petit char non motorisé de construction artisanale qui, en 2006, prenait d’assaut la côte de la Fabrique dans le cadre de la course de tacots du Carnaval de Québec. Avec la complicité d’Alain Marcoux, on vous invite à remonter le temps de 15 années et à voir défiler les étapes qui ont marqué sa création et ses débuts.
L’événement déclencheur
Le 5 février 2005, comme la journée s’annonçait splendide, je propose à mon fils Alexandre d’aller voir la course de tacots du Carnaval de Québec. La réponse affirmative fut instantanée. Ceux qui connaissent Alexandre savent qu’il est un passionné de l’automobile et de ce qui s’y rattache. Je ne sais vraiment pas d’où il tient ça?… Rendus sur place avant la course, nous avons pris le temps d’admirer les différents modèles, tous aussi originaux les uns que les autres, exposés dans l’aire d’attente pour les départs. Le moment venu, nous nous sommes installés le long des clôtures de sécurité pour observer la performance des participants. Au fur et à mesure que les descentes s’exécutent, l’engouement mutuel s’installe, nous avons eu beaucoup de plaisir, ce fut un très bon moment. À la fin de la course sur notre chemin du retour, Alexandre me pose la question ultime qui lui trottait probablement dans la tête depuis le début : « Pourquoi on ne s’en fait pas un? » « Ben, pourquoi pas? », fut ma réponse. Là, les neurones s’activent, les idées se bousculent sur la façon de le faire, vient aussi celle de se trouver un commanditaire. Ma fille Marie-Ève qui nous accompagnait nous dit soudainement : « Pourquoi ne pas impliquer Les Belles Autos d’hier? » Quelle bonne idée! C’est ainsi que l’embryon du projet tacot s’est développé.
À la première occasion où j’ai rencontré notre président Daniel René, je lui ai parlé de ce projet. Ayant lui-même participé à des courses de « boites à savon » dans son jeune temps, pas besoin de vous dire que ça n’a pas été difficile de le convaincre. Il me propose de présenter le projet au conseil d’administration puis à l’assemblée annuelle de novembre. J’ai donc soumis l’idée et à ma grande joie, le projet a été accueilli avec enthousiasme. André Larue alors présent à cette réunion accepta volontiers de se joindre à l’équipe pour la conception du tacot. Que pouvais-je espérer de mieux?
Ingéniosité quand tu nous tiens!
Dès la première rencontre d’équipe, début janvier 2006, il nous fallait décider du modèle idéal qui pouvait bien représenter le club. J’avais apporté un vieux bouquin qui illustrait quelques photos de voitures antiques. Notre choix s’est finalement arrêté sur une Hispano Suiza 1912. Denis Larue, ingénieur et fils d’André Larue, collaborait étroitement à la conception du tacot. Il nous proposa alors d’utiliser deux bicyclettes 20 pouces usagées pour bâtir la structure, facilitant ainsi la tâche.
À la deuxième rencontre, nous commencions à débiter les vélos trouvés dans une brocante, mais sans que le plan se précise. Le délai se resserrait, nous étions à la deuxième semaine de janvier et il nous fallait être prêts pour le 4 février. Lors de la rencontre suivante, j’avais en main un capot, une calandre, des phares et un splendide volant antique en bois que Raymond Roussy avait dénichés chez un de ses contacts, propriétaire de voitures anciennes. C’était en plein ce qu’il nous fallait! Avec ces pièces, Denis avait maintenant les dimensions de base nécessaires pour dessiner son plan en s’assurant de respecter les proportions et le poids permis. À partir de là, tout a déboulé. L’équipe de professionnels de J.A. Larue s’est mise à l’œuvre. De la conception à la peinture, c’était fascinant de voir chaque étape se concrétiser avec autant de soucis et d’ardeur, malgré un horaire de production plutôt chargé.
Le samedi avant la course, l’équipe était réunie pour faire les derniers assemblages et ajustements de sécurité. Environ 150 heures de travail ont été investies à la réalisation du tacot. Ce n’est quand même pas rien! Vers la fin de l’après-midi, nous étions parés à faire les premiers essais. Derrière l’usine, il y avait une pente en béton qui fut notre rampe de lancement. Nous étions excités comme des enfants. Après quelques descentes, il n’y avait aucun doute tout fonctionnait à merveille. Nous étions prêts pour la course!
Le tacot BAH fait sa marque!
Le 4 février à 7 h 45, le matin de la course, vêtus de nos combinaisons arborant les logos de notre club, le BAH, et de notre commanditaire J.A. Larue, nous étions les premiers arrivés sur le site. L’inspection pour la sécurité des tacots était prévue pour 8 h. À notre grande surprise, rien n’était encore installé. Après plusieurs minutes de retard, l’inspection des tacots faite, le premier départ était donné. Il y avait trois catégories : 1‑ 10-13 ans, représentée par mon fils Alexandre Roy-Marcoux; 2‑ 14-17 ans, représentée par Valérie Delisle; 3‑ classe Adulte, représentée par Denis Larue. Nous avons récolté la 10e place dans chacune des catégories parmi 40 participants. Pas mal quand même pour une première!
Comme le but était de donner de la visibilité au club, nous avons saisi chaque occasion de le faire. Conséquemment, le tacot fut exposé à Place Laurier avec les autres bolides de la course. Et bien que je ne veuille rien enlever aux autres, nous avions le plus beau… En plus, le tacot BAH a participé au premier défilé de nuit du Carnaval de Québec; mon fils était au volant tandis que papa poussait. À chaque coup de klaxon, c’était l’avalanche de photos, de compliments et de bravos.
En conclusion, ce fut une très belle expérience et une réussite grâce à la collaboration d’André et Denis Larue ainsi que celle de Raymond Roussy et Daniel René. J’en garde un excellent souvenir.
Maintenant, notre tacot vit une retraite dorée et s’offre une sortie annuelle à la halte-jeux familiale lors des Galas BAH, faisant la joie des enfants qui se pressent d’embarquer à bord pour s’y faire photographier avec la complicité amusée de leurs parents.